Maison passive – Les pionniers finistériens
LE TÉLÉGRAMME / 24 OCTOBRE 2013
Les deux premières maisons certifiées “passives” du Finistère devraient être livrées au printemps prochain à Gouesnac’h. Hier, des artisans du bâtiment suivaient une formation pour mieux répondre aux exigences de cette norme.
Alors que la réglementation thermique 2012 pour le bâtiment commence tout juste à rentrer en application, certains regardent déjà l’horizon 2020. La maison européenne sera alors “Passive “, c’est-à-dire que ces performances seront multipliées par quatre ou cinq avec toujours l’objectif de consommer le moins d’énergie possible. “ll ne faut pas confondre la maison Passive avec la maison à énergie Positive, précise Katia Hervouet, architecte. La maison à énergie Positive n’a pas pour but de consommer le moins d’énergie possible mais de produire plus d’énergie qu’elle ne consomme. »
Le modèle allemand
Comme souvent en matière d’architecture, les pionniers sont venus des pays du nord. et de l’est de I’Europe, confrontés à un climat plus froid. C’est en Allemagne que les bases de la maison passive ont été posées il y a une vingtaine d’années.
Les Allemands en ont défini les principes et développé une filière professionnelle : matériaux, formation des artisans. Une certification Passivhaus a été créée et étendue à I’Europe à partir de 2009 avec des formations spécifiques d’architectes, ingénieurs, constructeurs. Le marché en est à ses débuts.
ll y a aujourd’hui seulement 54 construtions certifiées en France dont quatre en Bretagne (1).
Deux premières maisons
Installée à Gouesnac’h, Katia Hervouet a suivi la première formation Passivhauss en 2009 : six modules de quatre jours.
L’architecte coordonne aujourd’hui deux chantiers à Gouesnac’h, une maison particulière et sa propre maison-atelier.
« L’objectif est de consommer le moins possible d’énergie, explique-t-elle. L’attention est portée sur l’isolation, l’étanchéité, des systèmes thermiques performants, la valorisation des énergies internes et l’optimisation des apports solaires».
L’architecte estime, le surcoût à 10/15%, avec un retour rapide sur investissement vu les économies d’énergie.
Confort privilégié
“La température intérieure de référence pour une construction passive est de 20°C, un niveau basé sur le ressenti de confort, continue I’architecte. La réglementation thermique 2012 est basée sur 19°C avec des indicateurs de consommation faux.
Faute de confort pour l’habitant et d’étanchéité parfaite, l’usager doit augmenter le chauffage”.
L’exigence énergétique implique un savoir-faire. Katia Hervouet a proposé à des artisans motivés deux jours de formation sur la construction passive.
Quinze professionnels : charpentiers, menuisiers, plaquistes, électriciens, carreleurs, frigoristes se sont retrouvés aux établissements Lucas, de Plomelin pour comprendre les nouvelles techniques de mise en oeuvre.
Dans I’immédiat, les matériaux très performants qui permettent la certification “passive” viennent pour l’essentiel d’Allemagne, de Suède, d’Autriche. Les constructeurs français auraient intérêt à anticiper une demande qui va aller crescendo.
(1) Deux maisons dans le Morbihan, une dans les Côtes d’Armor et une en llle-et-Vilaine.
AUTEUR : Ronan LARVOR
PRESSE : Le Télégramme